Pit-Academy

Le métavers est-il l’avenir de l’e-learning ?

30 août 2023
Avatar de l’utilisateurCharlotte Dermont Durieux

Vu comme un prélude à l’univers de Matrix, le métavers fait rêver autant qu’il effraie. Pour les plus aventuriers d’entre nous, il représente même le nouvel eldorado. Mais le metavers incarne-t-il réellement l’avenir de nos échanges ? Comment inclure le secteur de la formation dans ce nouveau milieu ? 

Comprendre le metavers

Avant même de parler d’e-learning et d’opportunités, concentrons-nous sur le support. Le métavers est un espace virtuel utilisé dans les domaines de la recherche et de l’innovation, du travail ou des loisirs. Le metavers n’est pas un univers en soi, il est un support de création d’un nouveau monde que chaque développeur stylise à sa manière.

Puisque c’est l’acteur qui crée son univers, alors on peut tout imaginer : piloter une navette spatiale, tenir une réunion au fond de l’eau ou déjeuner sur une île déserte. 

Lorsqu’il a un usage professionnel, le métavers se veut plus réaliste : il affiche les locaux de l’entreprise ou une salle de réunion. Chaque employé est représenté par un avatar relativement fidèle à ses traits.

Le métavers se veut immersif. Son design, tout comme son fonctionnement, nous plongent complètement dans un autre univers. Le métavers est aussi persistant, c’est-à-dire qu’il évolue même lorsque vous êtes déconnecté. 

Cet espace n’appartient à personne, libre à chacun de construire son écosystème dans le métavers. Le metavers est libre et le metavers est économiquement intéressant. C’est pourquoi trois grandes entreprises développent des univers dans le métavers :

  • Meta (anciennement Facebook) avec Horizon World et Horizon Workroom pour les professionnels ;
  • Microsoft avec Microsoft Mesh ;
  • Epic Games avec le jeu Fortnite. 

Le métavers est accessible à travers plusieurs technologies. En fonction de la plateforme à laquelle vous accédez, vous utiliserez votre ordinateur, votre smartphone ou votre casque de réalité virtuelle (RV). C’est surtout à travers ce dernier que le métavers prend tout son sens et devient parfaitement immersif. C’est pourquoi par exemple Meta développe un casque de RV accessible en parallèle de sa plateforme. 

Le métavers a plusieurs objectifs (qui varient selon les acteurs) :

  • encourager l’interaction et la co-création grâce à son aspect immersif ;
  • s’entraîner sur des machines ou à réaliser des opérations (merci la Réalité Virtuelle) ;
  • créer, décorer, aménager de vraies salles de classe pour passer à la classe virtuelle 2.0.

En résumé, le metavers est un nouveau terrain de jeu entièrement personnalisable qui propose de plonger ses utilisateurs dans un nouveau monde. Puisque nous n’avons pas tous les ressources ou les capacités pour créer notre propre monde, certaines entreprises développent des univers clé en main qu’elles proposent gratuitement (mais vendent les accessoires connexes).

État des lieux de la formation dans le metavers

Certains acteurs s’emparent de cette technologie pour proposer de nouvelles expériences apprenantes. C’est par exemple le cas de Metaverse Learning, un centre de formation anglais qui propose notamment de former les infirmières ou les charpentiers.

Metaverse Learning met une partie de son metavers à disposition de tous les internautes. 

En parallèle, Microsoft propose aux utilisateurs de la solution Teams d’entrer dans le metavers “Microsoft Mesh” à l’aide de la réalité virtuelle Microsoft HoloLens. Apprenants et formateurs interagissent via des avatars dans une salle comme s’ils y étaient. 

Les plus jeunes ne sont pas oubliés. La start-up EdTech Twin Science and Robotics a pour ambition de mettre à profit des écoliers défavorisés ses formations des STEM (Sciences, Technologies, Ingénierie et Mathématiques) via un metavers. Affaire à suivre.

Le metavers révolutionne-t-il la formation ? 

À ce jour, le metavers ne révolutionne pas nos interactions. Il en est de même pour la formation. Entre les contraintes techniques et les besoins d’évangélisation, il reste du chemin à parcourir. 

Déjà, créer un metavers demande un travail colossal. Il faut s’entourer des bons métiers, concevoir un nouvel univers, anticiper les bugs et répondre aux demandes des internautes. Pour l’instant, le metavers est très compliqué à développer.

Ensuite, parce qu’un metavers ne remplit pleinement son rôle, être immersif, que s’il est visité par un casque de réalité virtuelle. Et qu’un casque représente un coût certain : 500€ en moyenne. À quoi il faut ajouter soit la création du metavers, soit l’abonnement pour y avoir accès, soit le matériel nécessaire. Sans oublier que le coût se multiplie par apprenant. Pour l’instant, le metavers reste une technologie d’élite.

Enfin parce qu’un nouveau terrain de jeu rime souvent avec de nouvelles règles du jeu. Encore ancrés dans nos habitudes, le cours magistral ou les présentations PowerPoint ne seraient d’aucune utilité dans le metavers. Avec l’adoption du metavers, il faudra revoir nos manières de transmettre et d’apprendre. Pour l’instant, le metavers ne correspond pas à nos pratiques.

Parce que la formation n’est pas le pendant académique de Second Life, le metavers reste une pratique technologique bien éloignée de nos usages. Très coûteux, assez approximatif dans l’approche pédagogique et avide de ressources, le metavers se conçoit comme une nouvelle proposition dans le champ de l’e-learning, sans encore parvenir à convaincre grand monde.