Cette année, redonnons à la formation ses lettres de noblesse. Après quelques années de vagues d’arnaques au CPF et de diminution des budgets de France compétences, la formation perd de son attrait. Pourtant, elle apporte une réponse innovante aux problèmes que rencontre le monde du travail : absentéisme, désengagement, démissions, difficultés de recrutement… Retrouvez ce qui nous attend cette année et la nouvelle place que peut prendre ou reprendre le monde de la formation.
Le financement est au cœur des questions
Créés en 2019 en réaction à la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel, France compétences et son CPF creusent chaque jour un peu plus leur déficit. Estimées à 2,2 milliards d’euros en 2022 et à 2,1 milliards en 2023, les carences de la structure poussent les élus à revoir son fonctionnement et à sélectionner de plus en plus durement les formateurs. Afin de limiter les dégâts, le Conseil d’Administration de France compétences prévoit le « renouvellement d’une grande partie de l’offre de certification professionnelle, de la régulation des niveaux de prise en charge des contrats d’apprentissage ou encore des mesures de lutte contre la fraude au compte personnel de formation. » Pas de quoi affoler les formateurs, mais nous ne pouvons que conseiller de garder un œil sur les conséquences de ces orientations.
La formation comme réponse aux maux du travail
Bien que son financement reste en suspens, la formation a l’opportunité de prendre une nouvelle place dans les entreprises et administrations.
Depuis l’avènement du télétravail et de son lot de conséquences, le marché du travail change : les Français sont de moins en moins impliqués dans leurs missions, les cas de burn-out augmentent et de nombreuses industries ont beaucoup de mal à recruter. Les employeurs et responsables profiteraient grandement des bienfaits de la formation.
Former pour intéresser
Le phénomène de Quiet Quitting touche fort probablement plus de salariés qu’on ne le pense. Si les responsables ne souhaitent pas manager des collaborateurs démissionnaires ou désintéressés, ils doivent leur proposer un environnement et des missions stimulants, mais aussi, des possibilités de s’épanouir professionnellement. Faire le choix de la formation, c’est reconnaître ses limites d’employeur et s’inquiéter de l’accomplissement individuel. C’est également proposer d’autres cadres, encourager la recherche du mieux-être et accompagner les désirs d’évolution. Loin d’être synonyme de défaite, la formation des employés relance l’intérêt et l’engagement dans son travail, ou pourquoi pas, dans un autre poste.
Former pour renouveler
Le burn-out concerne aujourd’hui 2,5 millions de salariés français. Au-delà des conséquences dramatiques que peut avoir le burn-out et du bazar qu’il instaure dans une équipe, le syndrome d’épuisement professionnel est une réalité à prendre en compte en tant qu’employeur ou aux Ressources Humaines.
Le burn-out trouve sa source dans la surcharge de travail et le manque de moyens bien sûr, mais aussi dans la perte de sens. Lorsque les employés ne comprennent plus pourquoi ils travaillent, dans quel but individuel et collectif ou qu’ils ne tirent plus rien de leur poste, ils sont plus sujets au burn-out.
Lorsque l’entreprise propose des possibilités d’évolution, mais également de la formation, elle permet de créer une respiration dans le quotidien des salariés et offre un climat agréable, plus propice à l’engagement et au bien-être des employés. Lorsque les salariés au bord du burn-out se forment sur des sujets intéressants, ils retrouvent foi en leur capacité de travail et sont davantage motivés.
Former pour faire évoluer
Aujourd’hui, 58 % des recrutements sont jugés difficiles par les entreprises. Pour attirer de nouveaux talents, les entreprises doivent instaurer une marque employeur attrayante et proposer de vraies carrières : un salaire à la hauteur des tâches et du poste, une possibilité d’évolution, un espace de travail attrayant et un respect de l’équilibre vie personnelle/vie professionnelle. La formation dans ce contexte représente un atout indéniable puisqu’elle offre intrinsèquement des perspectives de carrière. En ajoutant de nouvelles cordes aux arcs des salariés, elle permet d’être acteur de son évolution, de se sentir plus en confiance sur son poste ou de s’orienter vers un métier passion. Une entreprise qui offre des possibilités de formation, et donc, d’évolution, se donne plus de chances de recruter les bons collaborateurs.
Les attentes vis-à-vis des formations évoluent
Quels changements côté formateurs ? Rappelons-nous que 2022 a été mouvementé concernant les financements et ressources disponibles : le dispositif FNE-Formation s’est modifié plusieurs fois et les actifs ont remis en question l’accès à la formation au vu de son coût.
Johann Vidalenc, responsable financements et certifications chez Unow et membre du copil d’OF Connect suggère que la tendance favorise l’impact learning : « L’accès aux fonds publics est de plus en plus restreint pour les entreprises, l’idée est de rationaliser son investissement tout en étant impactant. Chaque budget est pensé et mesuré. » Les aspirants apprenants et leurs équipes seront fort probablement amenés à analyser les catalogues de formation sous un autre œil.
Comment les formateurs peuvent-ils s’adapter ? Johann Vidalenc ajoute « La recherche d’impact dans la formation, quelle que soit sa modalité, passe par le contact humain et la mise en pratique. » et qu’il faut « placer l’humain au cœur de la formation ». Le blended learning serait-il la solution ? L’année passée, ce format séduisait déjà de plus en plus puisqu’il était sollicité dans 37 % des formations et apprentissages. Le climat de méfiance envers les OF et formateurs et le besoin de retrouver du contact de proximité encouragent de telles demandes.
En tant que formateur ou ingénieur, si vous proposez majoritairement des formations 100 % présentielles, incorporer un peu de distanciel se fait sans trop de peine.
Après avoir assisté à de nombreux bouleversements, les acteurs de la formation restent prudents sur les nouvelles évolutions et méthodes à déployer. En 2023 particulièrement, la formation se veut le reflet de la société : elle devient une réponse face au désengagement au travail, aux envies de changements des salariés et aux pratiques instaurées par le télétravail. La formation, en tant que marché, se réfléchit également différemment vis-à-vis des limites budgétaires. Puisque l’on attend des formations qu’elles aient plus d’intérêt au quotidien, plus de sens et plus de certifications, 2023 sonne peut-être l’année de la validation ou de la remise en question des contenus et des parcours.